Blooming, Lecture

Nadia Comāneci, ma première BD

S’il y a un secret que j’ai bien gardé ces dernières années, c’est celui-là ! Oui, j’ai écrit le scénario de ma toute première BD : Nadia Comāneci et elle va sortir en librairie le mercredi 2 avril, dans moins d’une semaine. Après tant de temps, cela me paraît irréel…

Laissez-moi tout vous raconter, en commençant par le commencement… En juin 2021, c’est le burn out. Cela fait déjà des mois que je ne parviens plus à travailler à mon rythme habituel (merci le Covid long), que tout est compliqué, mais là, ça explose. J’essaie quand même de continuer à écrire, notamment les premiers jets de La Cadette de mes soucis, mais je bloque, je bugue. Mon cerveau ne fonctionne plus bien, tout est difficile, si bien que je finis par perdre l’envie d’écrire. Quelques mois plus tard, je cherche une idée pour relancer la machine et je me pose cette question : qu’est-ce que j’aimerais lire et qui n’existe pas encore ? Sans savoir trop pourquoi sur le moment, la réponse est évidente : une bande-dessinée sur Nadia Comāneci, la gymnaste roumaine des années 70. Pourtant, je ne me lance pas encore car je n’y connais pas grand chose en BD et surtout, parce que je me remets finalement à l’écriture avec un projet pas facile, et pourtant tellement important : Dans l’obscurité scintillent les fragiles étoiles.

Petit saut dans le temps… Octobre 2022, je discute avec mon amie Alexandriane, la seule et l’unique, du fait que j’ai besoin d’un agent pour représenter mon nouveau roman, que je ne veux plus avoir à faire au milieu de l’édition sans quelqu’un qui est de mon côté. « Formidable, me dit-elle, appelle Wandrille, mon agent à moi et vois avec lui ». J’appelle donc Wandrille, je lui pitche mon roman. Sauf que je ne le sens pas emballé par ma proposition de me représenter. Il m’explique que son truc à lui, c’est plutôt la BD, mais que pour le roman, il n’est pas certain d’être la personne la plus capée pour m’aider (ce qui est drôle, c’est qu’en lisant le manuscrit, il a finalement accepté de devenir mon agent également pour les romans !). Une lumière s’allume dans mon cerveau et je lui annonce très sure de moi que j’ai une idée de BD qui attend bien au chaud. Comment vous dire, je crois qu’une lumière s’allume également chez lui ! Le fait que je sois romancière, gymnaste, ex-sportive de haut-niveau et ancienne journaliste sportive + l’icône qu’est Nadia Comāneci, ça lui paraît évident. Il se met en recherche d’un illustrateur dès le lendemain. Quelques jours plus tard, il me dit qu’il a pensé à un de ses élèves (car Wandrille est prof de BD, il narre ses fabuleuses aventures dans ses BD hilarantes Mes génies). Clem envoie deux dessins (virtuoses) et c’est une évidence, je sais que c’est lui qui illustrera mon scénario. Est-ce que ça me fait peur de travailler avec un dessinateur de 20 ans dont c’est la première BD ? Pas du tout ! Au contraire, je trouve ça génial.

Pendant deux mois, nous avançons tous les trois sur le dossier de présentation, avec notamment les 10 premières pages. Je me lance des des recherches tout azimut et j’adore cet exercice qui mélange mon ancien métier de journaliste à celui de romancière. Wandrille part à la pêche à l’éditeur et revient la besace pleine de 5 maisons intéressées, FOU ! Nous choisissons, Clem et moi, de confier notre projet à Glénat, cette belle maison d’édition qui est aussi celle de grands mangas comme One Piece dont Clem (et ma famille) est fan. En avril 2023, quand nous allons signer notre contrat dans les locaux de Glénat avec Julia Souchal, notre éditrice, je vois mes yeux de Clem qui brillent devant les bibliothèques remplies de livres qu’il lit depuis toujours, c’est super émouvant…

La suite, eh bien, c’est beaucoup de boulot. Pour moi, mais surtout pour Clem. Le travail sur une BD de 112 pages est extrêmement long et exigeant, de quoi se décourager devant la montagne à gravir : croquis, encrage, couleur… Alors tous les lundis, on s’appelle et on fait le point. J’envoie les pages au fur et à mesure pour que Clem ne soit pas noyé sous la masse et on avance. On échange nos points de vue, on fait tout pour nourrir ce projet au mieux. Souvent, on parle de Nadia que l’on suit sur les réseaux, que l’on voit en interview ou à la cérémonie d’ouverture des JO. Wandrille aussi est toujours présent quand il faut. On travaille en équipe et on ne se lâche pas, comme dans le sport finalement. C’est ensemble que nous voulons passer la ligne d’arrivée.Le truc un peu dingue, c’est que le plus souvent, j’imagine une page, je donne le maximum de détails, de valeurs de cadre, de détails sur le décors, de références et Clem me livre le dessin que j’ai en tête… simplement inversé ! Comme s’il imprimait en miroir ce à quoi je pense !

Petit clin d’oeil à Nadia lors de l’expo Depardon à Rennes en octobre 2024

La dead line est fixée fin décembre 2024 pour livrer les dessins. Le 20 décembre 2024, juste avant les 23 ans de Clem, c’est chose faite. Je crois que dans l’édition, surtout dans la BD, c’est assez rare de rendre les manuscrits en avance. En janvier, nous finalisons la couv, la quatrième de couv, les textes, apportons les dernières modifications et voilà… Après 2 ans et demi de boulot, la BD arrive en librairie dans quelques jours…

Il me reste cependant à vous expliquer pourquoi, j’ai choisi aussi spontanément Nadia Comāneci. C’est en 1976 qu’elle survole les JO de Montréal et qu’elle écrit sa légende. Je suis née deux ans plus tard, mais quand j’étais enfant et jeune gymnaste, elle restait comme la référence, celle dont on montrait les images à chaque compétition importante à la télé ou dans les best-of sur le JO. J’étais fascinée par sa grâce, sa ligne de jambe, son regard profond. En 1989, j’avais 11 ans quand je l’ai revue au journal télévisée à son arrivée aux USA après avoir fui la Roumanie communiste. Je ne sais pas trop comment l’expliquer, mais la petite fille hypersensible que j’étais a été profondément émue par cette femme face aux caméras et heurtée par les commentaires sur son physique, son look… Elle venait de traverser l’enfer et on la réduisait à cela. Cette impression est restée comme une plaie ouverte, une colère silencieuse, imprimée en moi. Il y avait cette envie de comprendre tout ce qu’il avait bien pu se passer. Je sais que beaucoup de femmes de ma génération ont regardé le téléfilm Nadia sortie en 1984. De mon côté, j’aimais que ce soit un film sur la gym, mais je ne retrouvais pas la virtuosité de Nadia et n’adhérais pas à l’histoire, à la manière dont elle était présentée (et pour cause, c’était l’entraîneur de Nadia, Béla Karolyi qui était le consultant sur le film et non elle qui était encore en Roumanie). J’espère que les petites filles de l’époque apprécieront cette bande-dessinée qui, me semble-t-il, est bien plus proche de la vérité. C’est avec beaucoup de délicatesse et de respect que j’ai écrit ce scénario, un peu romancé pour faciliter la narration. Et c’est avec beaucoup d’émotion que je vous le confie dès mercredi prochain. J’espère que vous serez au rendez-vous.

J’en profite pour remercier Clem, évidemment, Wandrille Leroy, Glénat et Julia Souchal, ma famille, ainsi que l’intégralité de mon entourage (surtout Céline, Anne-Solange et Mimi !) que je saoule littéralement depuis 3 ans avec ce projet !

Pour retrouver mes dates de dédicace (parfois avec Clem !), c’est par ICI.

PS : mon nouvel ebook d’écriture sort ce vendredi 28 mars à 18h : il est en vente ICI au sein du bundle de printemps !

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12 commentaires

  1. Répondre Mili 27 mars 2025 à 22:17

    Je ne suis pas trop BD, mais je crois que je vais m’y mettre ! Bravo ! Ce billet de blog m’a convaincue !

  2. Répondre Celine / Shalima 27 mars 2025 à 23:34

    Pas saoulée du tout, mais TELLEMENT impatiente de découvrir Nadia avec tes mots et les dessins incroyables de Clem !! Tu peux être fière de toi, de vous tous. Allez, plus beaucoup de dodos à attendre !!

  3. Répondre Maud 28 mars 2025 à 06:48

    Ouaw c’est génial !! Félicitations !!
    As-tu pris contact avec Nadia pour lui parler de ton projet ?
    C’est un bel hommage

  4. Répondre Béatrice 28 mars 2025 à 09:11

    Belle histoire et bel ouvrage !
    Je suis assez « vieille » pour avoir l’avoir vu en direct à la télé, et c’était impressionnant (et tous ces 10/10, les uns après les autres) 😉
    Bon vent à cette BD, et bises !

  5. Répondre pou-pouet 28 mars 2025 à 10:03

    J’ai tellement hâte !! Grande fan de sport que je suis depuis toujours (non) ET ayant effectivement grandi avec le téléfilm que j’ai vu 4.47 milliards de fois dans mon enfance (et après), Nadia est LA sportive pour laquelle j’ai toujours eu et j’aurai toujours une admiration sans failles (bon, avec Ayrton Senna, mais le voir mourir en live ça a définitivement arrêté net mes élans sportifs) <3 Bravo à toute la fine équipe, je SAIS que cette BD sera juste parfaite !!!!

  6. Répondre Little 28 mars 2025 à 10:58

    En tant que Roumaine d’origine et Francaise d’adoption, ton projet m’émeut.. Je suis très curieuse de lire ce livre et de voir ton point de vue sur son histoire. Je te suis depuis pas mal d’années ici sur le blog et j’ai toujours apprécié ta plume légère et profonde à la fois, ainsi que ton humour si fin.
    Cependant, Nadia m’a décue à plusieurs reprises ces dernières années (décennies ?). A l’époque d’une très courageuse campagne « metoo » dans la gym roumaine, dénoncant de graves agressions physiques utilisées de facon régulière et systémique dans les centres d’entraînements roumains (et dont elle aussi en a certainement subi un certain nombre, ou au moins en être témoin), considérés comme faisant partie du « prix à payer » pour atteindre la gloire, elle s’est rangée du côté de ceux qui pensaient qu’on devait juste se taire et être reconnaissant envers les entraîneurs qui ont fait gagner tant de médailles à ces filles. Mais à quel prix ? Au prix de la santé physique et mentale de centaines de fillettes ayant grandi loin de leurs familles, dans un enfer où on s’entraîne affamé (le moindre petit pois étant pesé avant de le poser dans l’assiette) et où en plus on recoit régulièrement des coups quand une figure n’est pas bien exécutée.
    Si on avait pu penser que cela ne concernait que la défense de l’image de son pays d’origine, elle a plus récemment réitéré le même genre position lors de la campagne de Simone Biles, dont la santé mentale a eu besoin de temps pour se remettre des abus qu’elle avait subis aux US.
    Ne pas s’apitoyer sur son sort, oui, mais s’en prendre à ceux qui ont le courage de dénoncer des abus et ramener des traumatismes à la lumière afin de les guérir, pour moi c’est non.
    Bref, j’ai aimé la fillette qu’elle était, j’aime moins la femme qu’elle est devenue…

  7. Répondre Wondermomes 28 mars 2025 à 11:20

    Quel beau projet, hâte de la feuilleter !

  8. Répondre Valérie MH 28 mars 2025 à 13:56

    Hâte de venir au festival du livre pour le faire dédicacer. Quel beau « sujet » Nadia Comāneci ! Ses 10/10, sa grâce et son histoire m’ont toujours ému et fasciné. Sa présence à l’ouverture des jeux olympiques à Paris cet été a fait revivre certains souvenirs. Alors sauf imprévu je serai à l’un des séances de dédicaces au Festival du Livre de Paris.

  9. Répondre Joëlle 28 mars 2025 à 15:50

    Née en 79, comme toi j’ai été bercée par les exploist de cette incroyable gymnaste. j’ai fait aussi de la gym pendant plus de 10 ans mais n’ai jamais voulu faire les compétitions.
    J’avais aimé le film mais sans plus, j’étais surtout énervée contre tous ceux qui voulaient lui voler la vedette ^^ !
    Ma bibliothèque va être remplie de tes livres !

  10. Répondre Marianne 30 mars 2025 à 04:47

    Voilà une BD que je verrais bien soit dans le rayon adulte soit dans le rayon ado de ma bibliothèque ! Il va falloir que j’aille la feuilleter à sa sortie en librairie !
    Et je suis en train de lire La Cadette de mes soucis, qu’une de mes collègues a présenté hier pendant notre réunion de lecteurs bimestrielle, et qu’elle a beaucoup aimé !

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