Aujourd’hui, la grossesse de Miss Amadeus aurait du fêter ses 41 SA. Je devrais être grosse comme une mongolfière, avoir les jambes comme des poteaux, le bassin qui craque et souffler comme un boeuf à chaque escalier rencontré. Je serais en train de me demander si oui ou non, je vais accoucher un jour et j’attendrais avec impatience le lundi 15 février, date du terme exacte selon la sécurité sociale et la roulette magique des docteurs.
Mais vous le savez tous (ou si vous ne le savez pas, ça veut dire que ça fait un bail que vous n’êtes pas passé sur ce blog et c’est mal, très mal), Miss Amadeus est née un 26 décembre, un bon gros poil en avance, et est ainsi devenue notre petite Fleur de Sel.
A la lumière des derniers jours, je peux enfin souffler et me dire que tout va bien. Fleur de Sel va bien, je vais bien et nos hommes vont bien. Ouf, merci, youpie tralala. Je suis heureuse et sereine au possible et les réveils nocturnes me semblent du pipi de chat à côté des événements qui se sont déroulés entre le 8 novembre 2009 (date d’entrée à l’hôpital en Bretagne) et le 26 janvier 2010 (date de sortie de néonat de Fleur de Sel).
Cette grossesse épique se termine finalement bien.
Pourtant, j’ai un sentiment un peu étrange que je balade en bandoulière depuis l’accouchement. Il me manque un bout de ma grossesse. J’ai une sensation de trop peu, comme si on m’avait volé les sept semaines manquantes.
Et même un peu plus. Finalement, peu de personnes m’ont vue avec mon gros ventre, mes fringues de grossesse, mes cernes de grossesse, mon air de ravi de la crèche puisque j’ai été hospitalisée alors que je n’étais même pas enceinte de 6 mois.
Une grossesse se ressent aussi dans le regard des autres et dans les attentions que l’on vous porte quant à cet état. Une grossesse se partage, je dirai même que dans mon cas, je la partage peut-être un peu trop.
J’aurais voulu sentir Miss Amadeus me filer des beignes intérieures encore quelques temps, la voir faire les montagnes russes avec mon bidon encore un peu plus…
Alors voilà, j’attends le jour du terme en me disant qu’une fois cette date passée, je n’aurais plus de nostalgie à ressentir parce que de toute façon, à cette date, ma grossesse aurait pris fin et que je serais en train d’admirer une jolie petite fille de 3 kilos et 50 cm endormie à côté de moi.
Et là, plus de manque puisque c’est exactement ce que je suis en train de faire à l’heure où je vous écris ces quelques lignes.
PS : ne vous inquiétez pas (je sais que vous avez tendance à vous inquiétez… ne niez pas), cette sensation, je ne l’ai que quelques moments dans la journée, le reste du temps, j’ai des crampes à force de sourire de béatitude.
EDIT : j’emprunte ce titre à Chrisitian Bobin, l’un de mes auteurs préférés qui parle d’amour comme peu savent le faire.
REDIT 2 : non, ce n’est pas un baby-blues, juste une sensation d’inachevé très subtile.