Tu es à côté de moi. Tu râles en cherchant ton sommeil et quand je passe mon visage au dessus de ton couffin pour voir ce qu’il s’y passe, tu oublies de râler et tu me souris. Tu souris tellement que cela te fait presque fermer les yeux.
Si tu savais ma Fleur de Sel comme ce sourire m’est précieux et comme j’ai eu peur de ne plus jamais le revoir. Tu avais commencé à sourire un matin, une semaine avant ton passage en réanimation. C’était l’une des plus jolies choses que j’avais jamais vues. Il me tardait que ton papa le voit ce sourire mais tu étais plutôt du matin et quand il passait te voir le soir en sortant du travail, tu préférais t’assoupir tranquillement sur son torse. Et je te comprends, c’est la meilleure place du monde pour se sentir protégée. Je la connais bien cette place puisque c’est aussi la mienne et celle de Kouign Amann.
Oui, ma Fleur de Sel, tu souris beaucoup et ton sourire est l’un des bien les plus précieux que nous possédons. Tu nous souris et tu souris à la vie alors qu’elle n’a pas été franchement rose layette pour toi.
Tu serais bien restée un peu plus au chaud dans mon ventre, je l’imagine. Mais il a fallu te mettre à la porte de ce doux cocon alors que tu n’étais pas encore armée pour affronter le monde extérieur. J’en suis désolée ma Fleur de Sel mais personne n’y est pour rien. Ni toi, ni moi, ni les médecins. On avait peur pour toi et pour moi depuis de si longues semaines que cette grossesse ne pouvait plus durer comme ça.
Quand tu es née, tu as crié si fort, tu as pleuré avec tellement d’intensité que je me suis dit que tu aurais la force d’affronter n’importe quel tourment. Et tu ne m’a jamais déçue. La pneumopathie qui t’es tombée dessus à quatre jours de vie, tu t’en es sortie comme une grande.
Quand tu étais en réanimation, ton petit corps allongé sous ces lourdes machines et endormie si profondément, je m’accrochais au souvenir de ton sourire, au bonheur qu’il m’avait donné et à toute la joie qu’il avait encore à nous offrir. Je ne pouvais supporter l’idée que ton papa ne l’avait pas vu ce joli sourire.
A un moment donné, les médecins avaient fait tout ce qu’il fallait, il n’y avait plus rien à faire que d’attendre et d’être près de toi. A ce moment-là, j’ai compris qu’il n’y avait que toi qui pouvais faire quelque chose. Tu étais la seule à décider de ce qui allait se passer. La seule à savoir si tu avais envie de sourire à nouveau ou pas à cette vie qui te réservait de si vilaines épreuves.
Et tu as choisi la lutte en nous prouvant une fois encore que tu étais une petite fille forte et merveilleuse.
Tu as choisi de vivre ma fille. Tu as choisi de rester avec nous pour montrer à ton papa, à ton frère et à tous ceux qui t’aiment à quel point ton sourire est un trésor.