Voilà, le cap est passé. On ne peut plus parler de ce que l’on veut devant le Kouign Amann au risque de se voir trahi à la première occasion… Fini le temps où l’on pouvait casser du sucre sur le dos de la terre entière en toute impunité, où l’on pouvait fomenter des projets librement. Maintenant, le règne de l’oreille bionique de Kouign Amann est bel et bien établi. Il entend tout et pire, il retient tout. La majorité du temps, c’est plutôt drôle et anodin. Hier soir, il me montre le coussin en patchwork que j’ai cousu pour lui. Oui, je couds désormais, ça vous la coupe, hein ? Bon, ça va pas vous la couper tant que ça, écoutez la suite. Il me dit « maman, tu l’as pas fini le coussin pour MaxiMax ». Non, mon coeur, je ne l’ai pas fini. Oui, je suis généreuse en plus d’être hyper sympa donc je couds un coussin en patchwork à mon neveu. Enfin, j’essaie. « Tu l’as pas fini parce que tu n’arrives pas à mettre ta canette, hein maman ? ». Oui mon coeur, j’ai effectivement quelques soucis avec cette fucking put*in de canette ! Parfaitement, mon fils connaît le mot « canette » et normalement, si vous n’avez jamais fait de couture, ça doit plutôt vous parler d’animal ou de cuisine.
En général, il me ressort des pans entiers d’une conversation alors que lorsque celle-ci s’est tenue, il était occupé à jouer tranquilou dans son coin. Les oreilles ouvertes en grand, il faut croire. ça me fait penser que la technique Dolto (parler d’un sujet auquel on veut sensibiliser l’enfant pendant qu’il faut autre chose en faisait comme s’il n’écoutait pas – z’avez compris ?) que l’on utilisait pour lui faire passer des messages quand il était petit a bien une raison d’être.
Je n’ai qu’une trouille, qu’il aille répéter les petits trucs qui doivent rester en famille. Genre à la crèche « Maman, elle trouve que Molly est molle » ou à la voisine « Papa et maman ils n’aiment pas la soupe que tu nous donnes gentiment régulièrement ». ça rraivera, fatalement, ça arrivera. Les oreilles de Moscou sont chez nous et il va falloir vivre avec.Et tenir nos langues.