Depuis le début décembre, elle est là. Fleur de Sel est là. C’est assez difficile à expliquer mais avant, j’avais la sensation qu’elle n’était pas avec nous totalement. J’avais la sensation qu’elle se demandait ce qu’elle faisait là, la sensation qu’elle était absente, occupée à ses réflexions intérieures, immobilisée par une inquiétude trop grande pour elle. Elle était avec nous, bien sûr, mais elle ne répondait pas forcément à nos sollicitations, elle nous laissait un peu perplexes à attendre son bon vouloir. Elle gardait les bras le long du corps et ne les tendait jamais vers nous. Elle semblait attendre que l’on fasse tout pour elle parce que de son côté, elle n’en voyait pas l’intérêt.
Ce n’est que mon interprétation, certes mais je pense bien la connaître. Très bien même, trop peut-être.
Et puis soudain, elle s’est épanouie. La Fleur de Sel a déployé ses pétales au soleil pour prendre la lumière et la diffuser autour d’elle. Elle s’est mise à nous regarder intensément, à faire des bêtises le sourire aux lèvres, à crier très fort pour qu’on la remarque, à titiller son frère avec un plaisir non dissimulé, à se débattre comme une diablesse sur la table à langer, à se lever, à camper sur ses jambes jusqu’à ce qu’elles lâchent, à tendre les bras quand elle nous voit, à essayer de manger seule, à tenter de piquer l’assiette de son frère qui a l’air bien meilleure, à défaire les puzzles que son frère adore mettre en ordre, à grandir à vue d’oeil, à manger comme quatre avec gourmandise, à dire non de la tête avec conviction… Même quand elle dort, elle emplit la pièce de sa présence et de son souffle fort… On dirait que Fleur de Sel a décidé de s’installer pour de bon et de prendre toute sa place dans notre famille.
Depuis le début du mois de décembre, Fleur de Sel est parmis nous à 100%. Et punaise, qu’est-ce que c’est bon.
