Bretagne

Ma première tempête #1

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J’ai vécu ma première tempête. Ma première tempête bretonne, hein, parce qu’en 1999, j’ai vécu la grosse tempête à Paris le soir de Noël, à entendre tomber les tuiles du toit (bien au chaud dans mon lit pendant que Mamily sortait dans le jardin vérifier que c’était bien SON toit à elle qui s’envolait et risquer au passage la fracture du crâne). Puis en rentrant à La Rochelle où j’habitais à l’époque, j’ai découvert ma voiture (ma toute première voiture) qui stationnait depuis plusieurs jours dans mon garage souterrain sous 1 m d’eau de mer. J’ai dû dire adieu, en versant une petite larme, à ma toute première voiture : une Polo surnommée ensuite « la Polo amphibie » par mes collègues de boulot (en même temps, il y avait des bulots sur le pare-brise quand on l’a sorti de là). Donc merci la tempête, je connais.

Ce que je ne connaissais pas c’est : la tempête en Bretagne. Etant la mère de deux enfants. Avec un mari à 500 bornes. Dans une maison qui date de 1880 et des brouettes. Hum.

Cette histoire débute donc le jeudi 15 décembre…

15h40 : je discute de la pluie et du beau temps avec ma femme de ménage. Oui, j’ai une femme de ménage, elle me sauve la vie et fait en 2 heures ce que moi je fais en 6 et mérite amplement son salaire, bénie soit-elle. Et oui, en Bretagne, on parle du temps, c’est LA thématique que l’on aborde à chaque discussion (je peux vous le dire maintenant que je discute avec mes voisins). « ça a soufflé mardi, hein ? », dis-je à Marie (ma femme de ménage). « Ah ouais et ce soir c’est tempête » ma répond-elle. « Hein ? Qué tempête ? ». Forcément, ce midi, j’ai pas eu le temps de regarder les infos, en déjeunant, j’avais trop de boulot. Je regarde donc BFM, LCI et ITV pour tomber sur l’alerte météo : ça va saigner ce soir, tous aux abris. Gloups.

15h47 : je retiens une larme. Mais pourquoi y’a tempête ce soir alors que MMM n’est pas là ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? J’ai déjà eu un orage cet été, je veux bien être courageuse mais tempête, ça me colle la frousse. En plus, l’élagueur est venu 3 jour plus tôt pour me faire un devis afin de couper l’eucalyptus de 15m planté bien trop près de la maison et m’a dit  « vous inquiétez pas, si y’a pas de tempête, vous risquez rien ». Mais bordel, y’a tempête ce soir !!!

15h50 : après cette mini-crise de panique intérieure, mon bon sens légendaire reprend le dessus. Je rentre tout ce qui traine dehors : salon de jardin, ballons, vélos des enfants, cendriers, télécommande de la voiture Oui-Oui (t’étais là toi ?)…

15h57 : j’accroche les 4 volets extérieurs que l’on ne met jamais. Il s’agit de lourds panneaux en bois que je dois clipser à des petits crochets. Le genre de truc impossible à faire pour une nana pas patiente comme moi. Ils ont tous plus ou moins la même forme mais pas exactement. Je galère monstrueusement à trouver lequel va où. Contrairement à mon fils, je ne suis pas une spécialiste du puzzle. Je jure comme une fille très très très vulgaire. A base de mots en « ope », « asse », « tain » et « ulé »… Un peu flippés, les volets consentent à s’accrocher. Surtout parce que j’ai fini par comprendre que je dois les installer depuis l’intérieur et non depuis l’extérieur. Ben oui mais c’était pas écrit dessus bon sang de bois (Kouign Amann adore quand je dis ça vu que quand les enfants sont là, j’adapte un peu mon langage quand même). A ce stade, j’ai mal au bras et le trouillomètre à zéro.

16h07 : je mets le nez dehors. Pas un pet de vent, il fait même chaud. Pas un bruit. Comme avant un tsunami…

16h08 : je cherche une lampe de poche. En cas de coupure d’électricité. Ne riez pas. ça arrive les jours de tempête. Et puis on est en Bretagne, pas en Ile-de-France où EDF intervient en 22 minutes.

16h09 : je ne la trouve pas. Mais, a-t-on vraiment une lampe de poche ?

16h10 : je cherche une bougie et un briquet. Je me félicite d’avoir acheté pour 4 euros une grosse bougie au marché de Noël d’un mini-bled à côté de chez nous le week-end précédent (je suis un génie). En revanche, je ne fume plus assez souvent, je ne trouve pas de briquet. Marie m’entend jurer et me propose de me laisser son briquet pour la soirée. Non, je veux mon briquet que je retrouve dans un tiroir où il n’a rien à faire.

16h20 : je retourne à mes activités en surveillant la fenêtre d’un oeil inquiet.

17h : je file à mon rendez-vous avec la directrice de l’école (new story, coming soon). Le temps de traverser la cour, je suis trempée de chez trempée. Bonne à essorer. Je sèche un peu durant mon rendez-vous.

17h30 : je file à la garderie récupérer Kouign Amann. Le poil (de ma capuche) humide.

17h34: Kouign Amann est récupéré, direction chez Azzurra pour chercher Fleur de Sel.

17h40 : On parle tempête avec Azzurra, je lui raconte mon histoire d’eucalyptus beaucoup trop près de la maison. S’il tombe, il arrivera fatalement sur la chambre d’un de mes deux enfants… L’air contrit d’Azzurra me console un peu. Je me sens moins seule alors que ma doudoune s’égoutte sur son carrelage. Mais bon, c’est pas ça qui va me tenir chaud ce soir…

La suite ? Bientôt !

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