Je dois avoir une sorte de syndrome sadique qui fait que quand je publie le premier volet d’un récit à épisodes, je n’arrive pas à écrire la suite rapidement. Ou alors, mon inspiration a besoin de mûrir, ça doit être ça, voilà.
Comme attendu par des hordes de fans en liesse et au désespoir, voilà la suite de « Ma première tempête » (si besoin, relire l’épisode 1).
17h55 : je quitte le domicile douillet d’Azzurra en me disant que c’est peut-être la dernière fois que je croise des êtres adultes – avant d’affronter la tempête puisque je serai la seule adulte chez moi à affronter les élements (depuis mon canapé), Monsieur Mon Mari travaillant à Paris…
18h à 20h : la soirée se passe à merveille avec les pin’s. Jeux, bain de mousse, repas où la nappe et le carrelage ressemblent à Beyrouth dans les années 80, grosses marrades, petites engueulades. Bref, la bonne soirée classique entre nous 3. Cependant, je ne peux m’empêcher de réfléchir à un truc : si l’eucalyptus tombe, sur quelle chambre va-t-il s’écraser ? Non mais c’est important de le savoir, histoire de protéger celui que je préfère des deux. D’ailleurs, bonne question, si je dois en sauver un, je sauve lequel ? Je sais pas, je fais un « plouf, plouf, ça sera toi… ». Non, concentre-toi sur l’eucalyptus, sa mère (je vous rappelle que quand je suis stressée, je suis vulgaire). Si il tombe droit, il va tomber pile entre les deux chambres. mais si il tombe de travers et pas à l’angle droit, hein, il va tomber sur qui ce colosse de 15 m ?
20h : je passe la tête dehors, ça ne soufle pas encore.
20h02 : après pipi et les dents, je briefe les enfants comme un général briefe ses troupes avant l’attaque : Kouign Amann, tu vas dormir dans le lit de maman (« Youpi » qu’il dit). Fleur de Sel, tu vas t’endormir dans ton lit et quand tu dormiras à poings fermés, je te transfèrerai dans le lit parapluie (Babybjörn, mon amour, encore un suédois). Pourquoi, parce que je vous connais et que tous les deux dans la même chambre, vous allez mettre 2 heures à vous endormir. C’est exceptionnel car il y a une tempête ce soir. ça veut dire que le vent va souffer très fort (et que l’eucalypus va nous tomber dessus mais ça je ne leur dis pas). Si vous l’entendez cette nuit (le vent, pas l’eucalyptus), ne vous inquiétez pas, c’est normal.
20h32 : ils dorment. Je me colle devant la télé. Devant quoi ? Aucune idée…
21h17 : je suis au téléphone avec MMM. J’en rajoute une couche dans le style « je suis une femme seule et courageuse qui veille sur ses deux enfants et qui a pensé à tout. Même à la bougie et à la manière dont l’eucalyptus pourrait tomber. Hein que tu es content d’être marié avec moi, pas vrai « ? J’ai besoin de soutien.
22h03 : c’est commencé. Le vent souffle sérieusement… Mission déménagement de Fleur de Sel dans ma chambre. Les pin’s ronflent de concert.
22h06 : Je tweete, je lis les tweets de mes copains bretons, je lis le fil twitter du Télégramme qui a la bonne idée de reprendre tous les messages concernant Joachim puisque je l’apprends, cette tempête s’appelle Joachim. Joli prénom pour une première fois. Et puis, c’est un homme, je saurais l’attendrir. Ah, ma copine Shalima, qui habite à 40 km tweete qu’elle n’a plus d’électricité. Je le savais qu’en Bretagne, les tempêtes s’accompagnaient de coupures EDF !
22h44 : ça souffle sévère !!! Je file me prendre une bonne douche. J’ai un rendez-vous profesionnel demain, ça serait bien que j’y aille propre et pas après une douche à l’eau froide.
23h20 : en grande habituée de la tempête, je débranche la télé, la box et mon ordi portable. Je vous épate, là, non ?
23h25 : je m’installe au lit avec les petits. Dans le noir, je regarde un bon Friday Night Lights histoire de savoir si les Dillon Lions vont battre les Dillon Panthers (ça ne vous dit rien, j’imagine mais c’est trop bon). Par précaution, je place la bougie et le briquet à côté de mon lit et je mets mon téléphone à charger.
23h47 : le téléphone arrête pas de faire bip-bip.
23h55 : tiens, il ne fait plus du tout de bruit.
23h56 : l’interrupteur du plafonnier ne fonctionne plus. Celui de la lampe de chevet non plus. Voilà, nous sommes sans électricité. Et minuit, l’heure du crime arrive alors que ça souffle à qui mieux mieux dehors.
Vendredi 16 décembre 2011
00h01 : on a passé l’heure du crime et tout va bien. Je constate que si le vent souffle, la charpente de ma maison ne bouge pas. Aucun craquement, je l’aime cette maison, je l’aime.
00h08 : extinction des feux (huhuhu, quel humour), Fleur de Sel râle un peu mais se rendort vite. Le vent est déchainé, c’est impresionnant ce sifflement.
7h15 : les pin’s sont réveillés et de bonne humeur. On a dormi d’une traite tous les trois. Bravo la mère de famille concernée et inquiète… La tempête est terminée. L’eucalyptus est toujours debout. On a gagné, on a gagné. Oui, sauf qu’on a toujours pas d’électricité et qu’il fait nuit noire…
7h16 : j’allume la bougie et mon téléphone me sert de lampe torche. C’est pas gagné tout ça.
7h18 : je découvre le bonheur de changer une couche (pleine d’une substance radioactive) à la lueur d’une bougie avec deux gosses surexcités dont une qui est l’auteur de la dite couche et qui se roule dedans.
De 7h20 à 8h30 : je me promène avec deux pin’s collés aux fesses et une bougie dans la main. Je réussis à les habiller (pas certaine de choisir les bons coloris) et à les nourrir alors qu’ils jouent au loup « houuuuuuuuuuuu ». J’ai une vidéo d’anthlogie de notre petit déjeuner à la bougie. On ne voit rien mais on entend un sacré bazar. J’appelle Popope et Mamyvonne pour connaître leur situation. ils sont à 5 km mais ont l’électricité, les chanceux. Sur les conseils de Popope, je cherche mon disjoncteur et je finis par le trouver même s’il n’a pas une tête de disjoncteur mais le jus ne revient pas.
8h30 : Il pleut des cordes sur le chemin de l’école. C’est long ce matin. Surtout que je trimballe le gros paquet de couches et de lingettes à donner à Azzurra. Nous sommes trempés en 2 minutes.
8h32 : Azzurra m’appelle pour me dire que sa voiture est en panne et qu’elle ne peut récupérer Fleur de Sel a l’école. ll va donc falloir que j’aille la déposer chez elle avant mon rendez-vous.
8h38 : je dépose Kouign Amann trempé à l’école où la classe va débuter à la bougie ! Plus d’électricité… La question est : comment vont-ils manger à midi ?
8h50 : je dépose Fleur de Sel trempée chez Azzurra où il n’y a plus d’électricité (running gag). Comme elle possède des stores électriques, il fait tout noir chez elle. Vive mes gros volets en bois.
Il n’est pas 9 heures et j’ai déjà l’air d’un chien mouillé… Je pense à mon quart de cochon dans le congélo, arf… Je file à mon rendez-vous le poil humide mais au moins là-bas, il y a l’électricité !
Au retour, je passe à la maison où je constate qu’il n’y a toujours pas de
courant (mo cochon !!!) et j’arrive juste à temps pour le spectacle de l’école à 15h. Spectacle qui va se dérouler dans une salle sans lumière avec une sono douteuse. Il y a juste assez de luminosité pour que je puisse admirer mon Kouign Amann qui gambade en faisant l’indien avec ses copains. Quand vient le tour des primaires, ça ressemble plus à un spectacle sonore vu que l’on voit vraiment plus rien. A 16h30, alors que nous buvons un verre avant de récupérer les enfants et que chaque parent se demandait comment il allait passer le week-end sans électricité (perso, j’avais appelé Mamyvonne pour demander l’asile), la lumière est soudain revenue… Sous les « aaaaaahhhhhh », évidemment.
Presque 17h sans électricité donc mais heureusement, il ne faisait pas froid et les pin’s ont été super sympas, comme souvent quand il se passe un truc un peu hors du commun. Sont cools ces gosses.
Bilan de cette tempête : je suis une nana hyper organisée (c’est assez étonnant pour le noter), la Nourserie est vraiment une maison saine et costaud et chaque fois que je rencontrerai un Joachim, je penserai à ma tempête. L’eucalyptus n’est pas tombé mais depuis, il a été hâché menu et non, je ne suis pas folle (Isabelle Adjani, sors de mon corps), il y avait un vrai risque. L’élagueur m’a quand même dit « j’ai pensé à vous le soir de la tempête ». J’ai beau être pas mal conservée après deux grossesse, un élagueur qui pense à vous un soir de tempête, c’est pas pour votre 90B et vos yeux verts…
PS : si vous aimez les histoires à épisodes, il y a aussi l’Iron Man de la Mère de Famille 1, 2 et 3 ainsi que Mission numéro 1 #1, #2 et #3…