Je me sens souvent débordée, j’ai souvent le sentiment qu’il me manque un bras et des centaines d’heures de sommeil pour pouvoir tout gérer, j’ai une tête qui doit faire peur à tout le quartier, j’ai l’impression que je loupe plein de choses, mon mari me manque parfois cruellement et pourtant, je peux l’écrire avec certitude, je n’ai jamais été aussi heureuse et comblée. Cela me fait un peu peur de l’écrire, comme si cela pouvait me porter la poisse, comme si j’attirais le mauvais oeil à brandir ma félicité comme un étendard victorieux au-dessus d’un champ de bataille.
Il y a certes un nuage gris qui rode mais on ne le laissera pas devenir noir. En tout cas, on fera tout pour qu’il laisse place à un bel arc-en-ciel. Il y a également la maladie d’une proche et le décès d’une femme encore jeune et que j’admirais, tout cela nous attriste fortement. Mais la vie aime à mélanger les douleurs et les bonheurs et c’est le coeur plein de joie que nous avons appris la naissance d’une merveilleuse petite Joana chez des amis que l’on aime fort et que l’on sait doués pour le bonheur.
Tout se mélange, la joie, la tristesse, la peur, l’envie, la fatigue, le bonheur, l’énervement, la douleur… Et au milieu, comme une douce lueur, ce sentiment profond que l’on est heureux et qu’il faut savoir le dire et surtout, qu’il faut savoir se le dire. Parce que le dire, c’est l’inscrire dans notre présent et dans notre futur pour ne pas regretter dans quelques années, pour ne pas se dire « à ce moment-là, on était heureux et on ne le savait pas »
PS : la photo ? La tétée de 3h37 de Petite Gavotte.