Fleur de Sel aime les animaux. Non, elle ADORE les animaux, tous, sans exception. L’été dernier, elle était au désespoir de ne pas avoir le droit de toucher l’énorme crapaud que l’on avait trouvé dans le jardin. Mignon, hein ?
Ce matin, alors que je me sentais enfin d’aplomb côté intestinal (oui, je suis ressucitée, merci de vos gentils mots) et que j’accompagnais les grands Pin’s à l’école, la maitresse et l’ATSEM de Fleur de Sel me disent avec un sourire en coin : « Venez Madame Marjoliemaman, faut qu’on vous raconte quelque chose ». Ah, quel truc encore trop choupi a-t-elle pu faire ma douce petite fille (que l’on appelle aussi Atilla à la maison, je vous le rappelle).
L’ATSEM se lance dans le récit : « Hier, les enfants ont trouvé une petite Jerry raide mort dans la cour (elle mime, très bien d’ailleurs, la souris raide morte les papattes en avant) ». Tiens, je me souviens que les enfants m’ont raconté cette histoire de souris morte hier en rentrant de la garderie et que Fleur de Sel m’a dit « les souris mortes, c’est plein de maladies ». Oui ma chérie, c’est bien, tu sais plein de choses.
L’ATSEM continue : « Le temps que l’on arrive sur les lieux, votre fille avait la souris dans ses petites mimines et la couvrait de baisers (elle mime Fleur de Sel en train de bécoter l’animal mort) ».
A ce moment du récit, je me demande si la gastro revient à l’attaque vu le salto arrière que vient de faire mon estomac et je pense avoir perdu un ton niveau coloration de peau.
« Je l’ai tout de suite emmenée au lavabo pour lui nettoyer la bouche, la langue, les mains, tout ce que je pouvais ». J’enchaine les « quelle horreur », « oh mon dieu », « c’est affreux », le visage tordu par le dégoût. Sur ce, nous rions d’effroi, de dégoût et de l’empathie archi-développée de cette enfant pour les animaux. Les animaux morts. Les animaux morts plein de maladies. Brrrrrrrr. Haut le coeur.
« Elle est partie dans l’amour » me dit pour conclure l’ATSEM hilare. Je ris moi aussi. Pour ne pas vomir.
Je quitte la salle de classe, moitié écoeurée, moitié amusée. Quand même, quel numéro cette Fleur de Sel. Je me retourne pour lui envoyer des bisous car elle me regarde comme chaque jour par la fenêtre pour me dire au revoir. Je la vois m’envoyer plein de bisous en se marrant. Et je me souviens de son baiser ventouse tout baveux d’hier quand je suis venue la chercher à la garderie. Un baiser post roulage de pelle de souris.
Zbeurp, rendez-moi mes toilettes.