Il y avait toi…

Il y avait toi dans ton costume cintré avec ton sourire un peu coincé.

Il y avait moi, épanouie au possible dans ma robe blanche arrondie par quatre mois de grossesse, mon air de fille la plus heureuse du monde en bandoulière.

Il y avait nos parents et leurs nouveaux conjoints. Leurs regards aimants et humides, parfois même complètement embués par le flot de larmes. L’absence de mon père, déjà. Encore plutôt.

Il y avait nos frères, émus chacun à leur façon.

Il y avait nos témoins si précieux. Huit en tout, il nous fallait bien ça.

Il y avait nos familles en rang serré pour nous accompagner.

Il y avait nos amis par dizaines, si beaux et si joyeux. Un peu comme si notre bonheur était contagieux. Il l’était d’ailleurs, j’en suis persuadée.

Il y avait peu d’enfants finalement, le grand débarquement a eu lieu les mois qui ont suivi et je parle pour nous aussi. Avec nos trois Pin’s qui font que les adultes ne sont plus jamais en majorité quand on retrouve les copains.

Il avait plein de couples qui s’aimaient. Certains s’aiment toujours, d’autres se sont séparés. Parmi ceux qui sont encore unis, la plupart a vécu des moments difficiles ces dix dernières années, un peu comme nous.

Il avait tout ces gens radieux qui formaient une haie de sourires à notre sortie de la mairie. Tous ces gens pleins d’amour qui nous ont applaudi dans l’église.

Il y avait ceux qui était présents de tout leur être et qui nous manquent fort maintenant. On en perd des gens que l’on aime, en dix ans.

Il y avait ma main dans la tienne aussi souvent que possible. Parce que c’était notre mariage et que nous ne voulions qu’une chose : partager ce jour et ne rien regretter.

Il y avait les coups de notre premier enfant sous ma robe taille empire.

Il avait mes larmes à l’église et celles de nos témoins. Nos rires au nez qui reniflent et nos hoquets de bonheur.

Il y avait de l’amour partout. Dans chaque regard, dans chaque embrassade, dans chaque geste de cette foule colorée que formaient nos invités.

Il y avait le soleil et cette douce chaleur que l’on n’osait espérer.

Il y avait toi, il y avait moi, prêts à sauter dans l’aventure du mariage main dans la main avec peur de rien – à part qu’on manque de champagne – et surtout pas de l’avenir.

Il y avait une insouciance folle et l’envie naïve de s’aimer encore plus fort. Pas si naïve puisque derrière notre quotidien compliqué et nos engueulades mémorables, je suis sûre que l’on s’aime plus fort.

Il y avait toi, il y avait moi et le monde autour de nous qui fêtait notre amour.

Je n’ai presque rien oublié de ce jour, mon amour. Il était parfait.

J’ai oublié de nombreux détails en revanche sur les dix dernières années qui ont suivi mais je suis certaine d’une chose : je n’aurais voulu vivre tout ça avec personne d’autre que toi, amour de moi.

C’est avec toi que je veux me réveiller chaque jour (où tu n’es pas à Paris), c’est avec toi que je veux m’enguirlander le samedi matin (mais on peut aussi laisser tomber cette vilaine habitude), c’est avec toi que je veux continuer à élever notre trio merveilleux, c’est avec toi que je veux décider de ne plus avoir d’enfant, c’est avec toi que je veux fêter mes 40 ans, c’est avec toi que je veux me lancer dans des projets trop grands pour moi.

Il y avait toi, il y avait moi ce jour-là. Et chaque jour depuis, il y a toi, il y a moi et un peu plus, il y a nous.