Mon premier Festival du Livre de Paris

Le week-end dernier, se tenait le Festival du Livre de Paris, ancien salon du livre. Quand Virginie, mon éditrice, m’a annoncé que j’y étais invitée à signer mon roman, comme tous les auteurs de la collection Instants Suspendus, je n’ai pas boudé mon plaisir. Enfin ! Une rencontre avec des lecteurs hors du Morbihan ! La promotion durant le Covid du premier roman avait été compliquée, alors je me réjouissais de me rendre à ce salon.

Pourtant, plus la date approchait, plus les souvenirs plus ou moins inconfortables de dédicaces se rappelaient à moi… Il y a eu le salon où j’étais entourée par deux auteurs mâles de plus de 60 ans qui ont exprimé beaucoup de mépris pour mon roman, avec un visiteur (plus de 60 ans aussi, n’y voyons cependant pas la marque du patriarcat, hum) qui critiquait une recette de mon livre zéro déchet (avant de se rendre compte qu’il avait mal lu… ah bah oui). Il y a eu la dédicace en hypermarché où je signais en face de la jeune fille qui distribuais les coupons de réduction pour les glaces (ça reste un souvenir drôle, mais sur le moment, je me suis posé la question de ce que je fichais là) ! Il y a eu les dédicaces en librairie où personne n’est venu  et où il a fallu me transformer en commerciale de mon livre. Il y a eu la dédicace quasi déserte où j’ai vendu 5 livres en 3 heures (heureusement, j’étais avec ma copine Mariam Sheik Fareed et on a ri comme des baleines). Il y a aussi eu plusieurs fois où les libraires ont glissé, ennuyés, qu’ils n’avaient pas lu le livre (je ne leur jette pas la pierre, je sais à quel point ils font un boulot exigeant) et où je me suis sentie un peu là par hasard… (Il y a eu aussi plein de bons moment en salons et en dédicaces et des chouette rencontres, mais vous savez bien que le cerveau a tendance à se focaliser sur le négatif).

Tout ça pour vous dire que ça m’a un peu calmée dans mon élan d’aller à la rencontre de « mes lectrices ». Certaines copines m’avaient dit qu’elles passeraient à Paris, mais je sais d’expérience qu’une majorité de personnes qui annoncent leur venue ne viennent finalement pas. Je suis donc partie à Paris sans attente particulière, décidée à faire de ces 36 heures à la capitale un bon moment.

Je suis arrivée à Montparnasse vers 11h et j’ai filé à Etienne Marcel où je devais déjeuner avec des amies. Mais comme j’avais le temps, je me suis offert une épilation des sourcils (qui s’est transformée en restructuration parce que c’était la cata !) et déjà, j’avais gagné ma journée parce que je ne fais jamais ce genre de trucs et pourtant, ça  change tout. J’ai ensuite passé un délicieux repas chez Shabour avec mes amies La Petite Marie et Oracle avant de filer chez le coiffeur pour une coupe-brush-bouclettes plus que nécessaire… Puis, j’ai foncé vers Nation pour un Perrier en terrasse avec ma chère Alexandriane qui revenait tout juste de sa chine américaine. et dont j’ai bu les paroles (plus pétillantes encore que ma boisson). Le temps de faire un saut chez elle pour faire un bisou à sa famille et pour me changer et je repartais vers République. Là, j’ai retrouvé Wandrille, mon cher ami et agent pour un autre Perrier. Nous avons ensuite retrouvé les auteurs et autrices d’Instants Suspendus de l’Archipel pour une soirée fort sympathique où j’ai été accueillie en tant que petite nouvelle à bras ouverts (regardez comme nous sommes beaux !). Mais telle Cendrillon, je me suis éclipsée à minuit pour être (un peu) fraîche le lendemain.

À mon réveil, il faisait beau, j’étais de bonne humeur et mon brushing était encore potable. Que demande le peuple ? Mes hits préférés de K-pop à fond dans les oreilles, je suis arrivée au Grand Palais éphémère toute joyeuse, prête à accueillir tout ce qu’il se passerait… Là, tout s’est enchainé si vite que j’ai à peine eu le temps de respirer…Sur le stand de l’Archipel, Virginie (mon éditrice) et les autrices en dédicaces travaillaient déjà. Je suis partie à la recherche des mes livres de poche perdus (sans succès, ils ne sont jamais arrivés au festival) et j’ai croisé l’oeil rieur de Christophe aka Quibe, le dessinateur des couvertures de mes romans. Quelques minutes plus tard, c’était ma petite Gaëlle, ma voisine d’enfance qui arrivait avec le même sourire que quand elle était minus (elle a d’ailleurs pu avoir un petit dessin de Quibe à côté de ma dédicace, la chanceuse !).

À 10 heures tapantes, je m’installaient pour signer et, à mon grand étonnement, il y avait déjà du monde… Le flux a été incessant jusqu’à 11h45, me laissant le dernier quart d’heure de quasi-solitude pour apprécier encore plus ce qui s’était déroulé avant. Je ne veux pas dévoiler en détails mes échanges avec les personnes venues ce jour-là parce qu’ils relèvent de l’intime, mais je peux vous dire que je n’imaginais pas être si touchée par ce que nous nous sommes confié. Ce personnes si uniques et dans lesquelles je me suis reconnue : celle qui lit le blog depuis 16 ans et qui m’a transmis une citation que je garde près de mon coeur, celle qui vit un passage difficile, celle qui est venue parce qu’elle a senti que j’avais besoin de soutien en lisant mon dernier billet, celui qui m’a remerciée pour la présence que j’étais pour sa mère (si j’ai pleuré ? Oui), celles qui ne me connaissaient pas et qui ont eu envie de donner une chance au roman, celle qui me lit depuis qu’elle a 18 ans et qui m’a semblée si forte derrière son émotion, celle qui est venue avec sa fille, celle qui a envoyé sa fille car elle n’était pas là, celle qui a pris le roman pour le lire plus tard parce qu’en ce moment le sujet était trop délicat pour elle…

Ci-dessous : Alex, Gaëlle, Sophie, la Tour Eiffel et Charlotte Leman (autrice talentueuse d’Instants Suspendus)

J’ai eu la sensation de voir tous mes univers se rejoindre car en plus des lectrices du blog et du roman, il y avait ma famille, Yasou mon amie du lycée, Alexandriane, Marie du yoga… Cela a donné lieu à des scènes surréalistes de mon point de vue. Ma petite voisine qui a reconnu ma tante qu’elle croisait chez moi il y a 30 ans, Yasou qui a manqué d’avaler sa langue quand elle a réalisé que la belle jeune femme devant elle était ma cousine qu’elle gardait avec moi quand celle-ci avait 3 ans, Alexandriane qui papotait avec ma Petite Gaëlle et ma tante tout en rabattant des gens vers mon stand, une lectrice qui a dit « j’ai l’impression d’être dans mon Instagram ! » en nous voyant Alex et moi…

En quittant le festival, je suis passée devant les stars de la littérature qui signaient sur des estrades devant des files de lecteurs qui attendaient dans une ambiance presque religieuse. Je ne vais pas vous mentir en disant que cela ne me fait pas envie d’avoir autant de succès qu’eux, mais ce que je souhaite plus que tout, c’est de continuer à créer des rencontres comme celles qui ont eu lieu autour de ma table de dédicace. C’était une sensation magique d’être au coeur de cette constellation vivante et bruyante, de ces moments qui vous font dire : « ça valait le coup ».

Ça valait le coup d’oser partager depuis tant de temps sur les sujets qui m’habitent si fort que je ne peux pas les faire taire. Oui, ça valait le coup d’ouvrir un blog il y a très exactement 16 ans, le 18 avril 2008 alors que KA avait 1 mois et 2 jours et que je voulais écrire un guide sur la grossesse. Un guide qui a été publié 4 ans plus tard et dont la 4ème édition sort aujourd’hui, le 18 avril 2024… What a ride !

Merci à L’Archipel de nous permettre de vivre un tel événement. Merci à mes amis et à ma famille de me faire sentir importante pour eux. Et merci à vous, les lectrices (et quelques lecteurs) du blog et de mes ouvrages papier, merci à celles qui sont venues en dédicace, merci à celles qui me laissent des commentaires, merci à celles qui lisent en silence (je vous vois). Merci de me donner la force de continuer à écrire quand je crois ne plus avoir les ressources en moi.

Joyeux 16 ans le blog !

PS : je suis en dédicace à La Mouette à la Page à Sarzeau le samedi 20 avril 2024 de 10h à 12h30, en compagnie d’Angéline Michel comme d’habitude (et je sais déjà que ça sera un bon moment !).