Mes Trois

Depuis le début des vacances, je passe toutes mes journées avec mes trois enfants. C’était convenu comme ça cette année. Pas de centre de loisirs, pas de vacances en solo chez Mamily pour des raisons d’organisation.

Je me trouve donc au centre leur trio et j’ai le loisir de les admirer environ 12 heures par jour (oui, on dort parfaitement la nuit par ici désormais, tirez les feux d’artifice). Ils sont cool, vraiment cool (même si Fleur de Sel nous fait une crise d’ado et se la joue princesse rebelle et indépendante) mais avec cette proximité constante, ils m’attendrissent à peu près autant qu’ils me tapent sur les nerfs.

Cet été 2014 restera pour moi comme celui qui a scellé leur trio. Il y avait le duo Kouign Amann + Fleur de Sel, le duo Kouign Amann + Petite Gavotte et plus récemment le duo Fleur de Sel + Petite Gavotte et il y a désormais le trio, mon trio, notre trio même s’ils disparaît au gré des recompositions éphémères de duos.

Je me souviendrai de cet été 2014 comme de celui où ils ont transformé le lit superposé en maison chez Mamily où Kouign Amann avait affiché un papier avec leurs trois prénoms, un coeur et le prénom de la poupée Corolle (celle de mon enfance) que Petite Gavotte avait renommée « Des Bleus » (alors qu’elle s’appelait Aurore en 1985) parce que le bleu est sa couleur préférée.

Je me souviendrai de ces trois petites têtes blondes qui s’agitent en pyjamas assortis ou pas jusqu’à midi dans le jardin de Mamily. Pieds nus ou en bottes.

De ces trois boules d’énergie qui rebondissent sur le trampoline comme des zébulons épileptiques et rient à s’en faire péter la rate.

Des chansons inventées sur ce même trampoline où ils scandent leurs prénoms et trouvent les rimes qui vont bien.

Des blagues nulles de Kouign Amann que ses soeurs ne comprennent pas mais auxquelles elles rient comme des baleines parce qu’elles sont trop contentes d’en avoir l’exclusivité. (exemple : « c’est une ampoule qui croise une autre ampoule qui boîte et elle lui dit : tu as une ampoule ? » – Help, il a hérité de l’humour de sa mère).

De leur barrage construit dans le lit de Kouign Amann où ils étaient installés au milieu des 35 coussins et des 14 couvertures de la maison regroupés dans le même m2.

Du bazar incroyable dispersé méthodiquement chaque jour dans leur chambre et de nos moments à 5 à ranger. de Petite Gavotte qui aide son frère à ramasser les billes et son soeur à ranger la dollhouse.

De l’arrivée du courrier et de Kouign Amann qui s’allonge sur le canapé du salon pour lire son Petit Quotidien à haute voix à ses soeurs.

De leur coalition pour obtenir des glaces et de leur stratagème imparable : venir tous les trois main dans la main avec un sourire bien accroché pour demander « une glace maman s’il te plaît ». Et cherry on the top, l’écho de Petite Gavotte « oh ouiiiiii, silteuplééééé ».

De leurs six mains crasses à pleurer après la moindre activité artistique testée. Avec des dessins vraiment pas présentables mais la fierté d’avoir réussi à crayonner leur feuille (mais aussi la table et pas mal de cm2 de leur peau) 35 minutes d’affilée.

De la fierté qu’ils ont les uns des autres. De leurs petites voix qui s’encouragent l’un l’autre quand c’est le moment.

De leur moment de folie à table, le soir. Quand ils sont si fatigués qu’ils font n’importe quoi et qu’ils s’engrainent les uns les autres parce que tous les trois, ils se sentent capables de faire plier notre autorité parentale (mais ils rêvent).

Il y a deux ans, Petite Gavotte est venue mettre un grain de sable dans un duo bien huilée. Tout comme elle est venue déstabiliser notre équilibre à 4 pour nous rendre plus forts à 5, elle a modifié le duo Kouign Amann + Fleur de Sel pour créer une entité nouvelle, ce trio si joyeux (et si bruyant, bon sang !). Le trois, c’est un chiffre magique, un équilibre fragile qui se réécrit sans cesse. C’est riche, le trois.

Une pensées affectueuse pour la Marjo qui en 2012, à un mois d’accoucher de sa petite dernière, se disait : « Bientôt, ils seront trois » en se posant pas mal de questions. J’ai envie de faire un petit voyage dans le passé et de lui dire : « T’inquiète, trois, c’est merveilleux ».