Ma mission, si je l’acceptais, était d’aller chercher Kouign Amann à la crèche. Bon, ça, je le fais tous les jours, c’était quoi le défi ? De faire la même chose avec Fleur de Sel sous le bras. C’était en février, entre les deux hospitalisations de Fleur de Sel et j’avais oublié de vous le raconter. Maintenant, je suis hyper à l’aise mais croyez moi, cette première fois a été sportive. Sportive genre marathon. Une mission qui sent la transpi et qui fait appel à tous les muscles, vu que les neurones font grève…
Pour éviter d’avoir trop de pression, je prépare Fleur de Sel bien à l’avance… Je l’installe dans son cosy où je la cale avec des couches (et oui, un bébé préma n’a pas le format adapté au cosy, il faut improviser avec ce que l’on a sous la main pour renforcer sa sécurité). Je l’enfouis sous deux couvertures et je sors de notre appartement, le cosy lourd comme un âne mort.
Comme par hasard, la première fois que je vais chercher mon Kouign Amann à la crèche avec Fleur de Sel, il pleut comme vaches qui pissent (oui, au pluriel vu ce qu’il tombe, c’est d’un troupeau dont on parle) à Banlieue-sur-Marne. Comme par hasard.
MMM m’a dit qu’il avait garé la voiture dans la « première rue » (on a un jargon à nous pour parler de notre quartier). Sous la pluie battante, j’arpente la fameuse rue. Bon, il l’a garée loin ce matin la bagnole. Bon, la première rue est finie, j’appelle MMM.
– Elle est où la caisse, mon amour ?
– Dans la première rue, mon coeur.
Confiante en l’amour de ma vie, je recommence donc mon parcours, me disant que je ne suis pas très attentive. Le cosy pèse une tonne, pourquoi n’ai-je pas pris le chassis de la poussette ? Hein, pourquoi ? Fleur de Sel est enfouie sous une couverture, la tête entre les couches, elle s’en fout.
Deuxième aller-retour dans la rue. PAS DE BAGNOLE… Non, pas ça, pas la fourrière… NON !
Je rappelle MMM, un sanglot dans la gorge. « Ah non, je l’ai garée dans l’avenue du Maréchal… » qu’il me dit tranquillement.
Enervée, trempée (mon visage dégouline d’eau), je raccroche au pif de MMM qui l’a bien mérité et je commence à chouiner… C’est lourd, il pleut, y’a du vent, il fait froid, je vais finir par être en retard et l’autre, bien au chaud à son boulot, il se TROMPE de rue, le C.. ! Oui, quand je suis énervée, je suis vulgaire.
Je trouve enfin la voiture et me lance dans l’installation du cosy. Après 10 minutes de baston avec la ceinture de sécurité (qui est beaucoup trop courte, c’est un scandale), le cosy de Fleur de Sel est arrimé au break (oui, on roule en break, gros coming out).
Hop, c’est parti, on roule vers la crèche de Kouign Amann.
Stooooooop ! Mon estomac fait un salto arrière. J’ai installé Fleur de Sel à l’avant, sans désactiver l’airbag passager… Je me liquéfie devant autant d’insouciance, coupe le contact au stop et met le coup de clef nécessaire à la désactivation de l’airbag. Ouf, Fleur de Sel est sauvée, elle dort et ne se rend pas compte qu’elle vient de frôler la mort. Moi, déjà trempée par la pluie, je sens à peine le filet de transpi gelée qui coule dans mon dos après toutes ces émotions. Je viens de perdre un an d’espérance de vie en 30 minutes.
Rendez-vous plus tard, pour l’épisode 2. Suspense, pas vrai ?